Le Forum Horizon Maroc ouvrira ses portes ce dimanche 22 janvier à la Défense. Près de 2.500 jeunes Marocains qui ont étudié en France sont attendus pour rencontrer une quarantaine d’entreprises françaises et marocaines. Alors, mieux vaut rentrer ou rester ?
Hatim termine ses études d’architecture à Paris dans quelques mois. “Je ne cherche pas vraiment de travail au Maroc, mais plutôt à l’étranger ou en France”, hésite encore le jeune homme de 26 ans qui vit dans l’Hexagone depuis huit ans. Ce dilemme est le même pour les 40.000 étudiants marocains venus se former en France, qu’ils soient ingénieurs, médecins, dans le droit ou le management.
A terme, la majorité décide finalement de rentrer chez eux. Une étude publiée ce 22 janvier par l’Association des Marocains aux Grandes Ecoles (AMGE) – Alumni montre que 61% des personnes sondées veulent revenir au pays après avoir travaillé quelques années en France.
“Il faut avoir une expérience professionnelle ou un stage de fin d’études en France pour valoriser son diplôme. Cela est même mal perçu par les recruteurs de ne pas le faire”, conseille Jaafar Benchekroun, responsable du recrutement à la BMCI, filiale marocaine de la BNP Paribas.
Profiter de la France avant le retour
Ingénieur, Omar est diplômé depuis 2012. Il travaille maintenant dans un grand cabinet de conseil à Paris et gagne près de 4.000 euros par mois. “Un salaire que je ne retrouverai jamais au Maroc”, est-il persuadé. Il espère alors pouvoir négocier un montant plus élevé le jour où il rentrera à Casablanca.
Pour Jaafar Benchekroun, c’est clair : un jeune diplômé marocain d’une école française avec un peu d’expérience à l’étranger peut gagner jusqu’à 6.000 dirhams (560 euros) de plus qu’un étudiant sorti d’une école marocaine. Si le salaire d’entrée sur le marché, environ 10.000 dirhams (932 euros), est beaucoup plus faible qu’en France, il ne faut pas oublier que la vie est beaucoup moins chère sur place, surtout pour ces jeunes adultes qui retournent souvent dans leur famille.
Les jeunes qui ont étudié en France sont très recherchés sur le marché marocain car ils ont gagné en autonomie et en responsabilité, notamment dans la gestion de projet. “Dans les écoles d’ingénieurs marocaines, ils ont le savoir-faire mais pas le savoir-être que l’on apprend en France”, analyse Jaafar Benchekroun qui insiste sur l’importance des qualités comme la gestion du stress ou des conflits ainsi que les langues et l’ouverture vers l’international. Une fois leur CV valorisé, les étudiants marocains sont alors souvent tentés de rentrer au pays.
Le réseau, une nécessité
“Pour moi cela a été facile de trouver un poste dans un cabinet d’archi à Casablanca car j’avais déjà mon réseau”, explique Ghali, 26 ans, qui est rentré en septembre dernier dans sa ville natale grâce à une connaissance de son père.
Selon l’étude de l’AMGE-Alumni, 46% des jeunes diplômés interrogés ont trouvé un emploi grâce à leur réseau personnel, contre 24% via une candidature directe et 11% par les réseaux étudiants et alumni.
Le Forum Maroc Horizon organisé à la Défense ce dimanche 22 janvier par l’AMGE Caravane permet aux 2.500 jeunes diplômés et étudiants attendus de discuter avec 45 grandes entreprises françaises et marocaines invitées. Une occasion en or pour réseauter alors que les entreprises marocaines utilisent encore peu les réseaux comme LinkedIn ou les interfaces de recrutement en ligne.
4,8% de croissance
Le Maroc devrait connaître une croissance de 4,8% en 2017 selon le FMI. Par rapport à la France, il est plus facile d’y trouver un emploi, surtout sur les postes qualifiés dans les centres d’appel, la banque, la finance et les télécoms.
L’autre option est de créer son entreprise. “La fiscalité est plus légère, les charges plus faibles, les règles plus souples et les perspectives africaines qu’offre le Maroc sont autant de raisons qui rendent le pays attractif”, explique Hicham Benyoussef, président de Maroc Entrepreneurs, association d’aide à la création d’entreprise dans le royaume. Mais encore faut-il maîtriser les codes du business au Maroc.
Se réadapter
“En plus d’un manque d’informations, la fiscalité et les lois sont parfois obscures”, admet Hicham Benyoussef qui insiste aussi sur le volet culturel. Après avoir passé plus de cinq ans de l’autre côté de la Méditerranée, la plupart des jeunes adultes se sont construits dans une culture française et européenne.
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Le management à la marocaine peut aussi être très directif et pas du tout participatif, ce qui s’explique par une culture patriarcale qui délègue peu le pouvoir. Désormais salarié d’un cabinet d’architectes marocains, Ghali raconte avoir été surpris : “Ca va dans tous les sens, il n’y a pas de planning, pas de chef qui tienne un projet de A à Z”, raconte-t-il.
Pour Hatim, le futur diplomé en archi, cela a été un frein pour revenir au Maroc lancer sa carrière. “Lors de mon stage à Casa, j’ai observé que l’on travaille avec des gens moins qualifiés qu’en France”, regrette également l’étudiant. “Par exemple, personne n’est formé pour les métiers de maquettistes ou pour faire des images de perspectives. On va travailler avec des milieux beaucoup plus informels”, explique-t-il.
“Mais d’un autre côté, j’ai retrouvé ma famille, il faisait beau et j’allais à la plage pour faire du surf en sortant du boulot”, raconte le jeune casaoui. L’appel de la mère patrie.