Le cas d’une candidate ayant obtenu 20,3 au bac et se plaignant que l’outre-mer soit « laissé de côté » par les grandes prépas a été largement relayé. Ce que le ministère nie.
Discrimination envers les candidats d’outre-mer ? Le cas d’une jeune bachelière polynésienne a défrayé la chronique de Parcoursup tout le week-end, laissant à penser que les prépas parisiennes fermeraient leurs portes à certains candidats. Une critique déjà formulée par des élèves et des professeurs de banlieue qui s’estimaient victimes d’une « double peine ».
Très brillante, Ranitea Gobrait a terminé major du baccalauréat en Polynésie, avec 20,3 de moyenne au bac scientifique (bac S). Mais le conte de fées aurait calé aux portes de la nouvelle plate-forme d’orientation vers l’enseignement supérieur -qui se fonde, elle, sur la qualité du dossier scolaire de l’élève en première et en début de terminale : selon une dépêche de l’Agence France-Presse, samedi 7 juillet, la jeune fille affirmait avoir été refusée dans tous les établissements parisiens où elle avait postulé. Son seul espoir : être prise en classe prépa scientifique au lycée toulousain Pierre-de-Fermat, où elle demeure sur liste d’attente.
« Je trouve ça aberrant. Je ne suis pas la seule dans ce cas : il y a beaucoup de bons élèves qui subissent le fait d’être à Tahiti. Les grandes prépas nous ont laissés de côté, nous, les îles d’outre-mer (…). Je trouve que c’est dommage de nous fermer les portes comme ça, on devrait nous laisser notre chance. »
Twitter s’est aussitôt enflammé face au prétendu scandale fondé sur une discrimination à l’encontre des candidats d’outre-mer, des politiques s’emparant également de l’affaire, dont Jean-Luc Mélenchon :
Plusieurs propositions lui auraient été faites
Le ministère de l’enseignement supérieur a réagi, dans la nuit, en postant sur le réseau social un communiqué : il y explique, après examen du dossier de Ranitea Gobrait, que « celle-ci a reçu et refusé plusieurs propositions d’admission, notamment dans les classes préparatoires aux grandes écoles qu’elle avait appelées de ses vœux, à Paris ».
Sur place, à Papeete, le directeur de la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE), Thierry Delmas, a détaillé dimanche les réponses favorables que la jeune femme avait obtenu : « Il faut préciser que depuis le 27 mai dernier, une proposition d’intégrer une CPGE parisienne renommée en MPSI [mathématiques, physique, sciences de l’ingénieur] lui a été faite, que trois acceptations de CPGE en filière ECS [économique et commerciale, option scientifique] (dont deux à Paris et une en province) lui ont été notifiées par la plate-forme Parcoursup et que son dossier a reçu un avis favorable pour une inscription en Paces au sein de l’UPF [université de la Polynésie française]. Le 1er juillet, une nouvelle proposition d’un lycée parisien en filière ECS lui a été signalée. »
Et de poursuivre, pour clore le « scandale » : « Elle avait pleinement le droit de refuser les propositions qui lui sont faites, y compris lorsqu’il s’agissait de classes préparatoires parisiennes fort réputées, en MPSI (sa filière de prédilection) comme en ECS. »
La jeune fille doit être reçue « pour faire le point sur sa situation » à la DGEE de Papeete, dans la journée de lundi. Interrogée par le Mediapart polynésien TNTV, le 5 juillet, à l’issue de la publication des résultats du bac, Ranitea Gobrait avait confié qu’elle ne savait pas encore quel métier faire. « Mais j’aime les maths : j’aime le fait de ne jamais abandonner quand on a des blocages. »
Source: le monde.fr article du 9 juillet 2018