« C’est notre force à nous : cette double, voire triple ou quadruple culture » Ahmed Mernissi, Président de Lycée Lyautey Alumni
Elle célèbre ses 20 ans cette année et pourtant l’Association des alumni du Lycée Lyautey de Casablanca n’a pas pris une ride ! Parmi les pionnières des associations d’anciens élèves des lycées français dans le monde, elle représente aujourd’hui une véritable communauté internationale qui fédère tout le territoire marocain et même au-delà. Effy Tselikas, journaliste, ancienne du lycée français Victor Hugo à Alger et du Lycée Carnot à Tunis, a rencontré Ahmed Mernissi, Président adjoint de l’association des anciens élèves du Lycée Lyautey qui revient sur la génèse et les projets de l’association. Interview.
E.Tselikas : Comment s’est formée l’association des anciens du lycée Lyautey ?
A. Mernissi : En 2000, quelques anciens, parmi lesquels un ancien proviseur, ont décidé de former une association qui regrouperait tous ceux qui étaient passés par ce lycée : élèves, professeurs, administratifs, … Avec plusieurs objectifs : d’abord se retrouver et perpétuer les liens de camaraderie vécus au lycée. Puis témoigner de la solidarité intergénérationnelle, en parrainant les nouveaux « anciens », avec du mentorat et du tutorat. Par exemple en organisant des forums de métiers pour aider les jeunes à s’orienter, puis à les soutenir dans leurs études supérieures et après à leur faciliter leur entrée sur le marché du travail.
Nous sommes une communauté internationale, une vraie « diaspora » dispersée dans le monde entier. Nous trouvons des anciens de Lyautey en France, au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, dans les pays émergents comme Singapour ou Dubaï.
Nous avons aussi été à l’origine de la création du Club France Maroc, devenu France Alumni Maroc, qui regroupe au Maroc l’ensemble les diplômés de l’enseignement supérieur français.
E.Tselikas : Quelle est la vie de l’association ?
A. Mernissi : Nous avons des réunions mensuelles ou bimensuelles, souvent des « afterworks », qui favorisent les échanges sur les actions à mener au sein de notre association. Un dîner de gala est également organisé chaque année au sein du lycée Lyautey. Notre grand évènement a été le FOMA 2011 à l’occasion duquel nous avons eu l’honneur d’accueillir à Casablanca de nombreux anciens des lycées français du monde entier. Nous relevons à nouveau le défi, avec notre gala qui se tiendra le 29 mai prochain pour fêter les 20 ans de notre association et les 30 ans de l’AEFE avec environ un millier de personnes où tout le monde est le bienvenu.
Nous mettons en place différentes actions humanitaires, au sein d’orphelinats ou d’associations d’aide à l’enfance. Nous sommes également très actifs auprès des écoles publiques de l’éducation nationale marocaine, en mettant à leur disposition des outils pédagogiques et bureautiques.
E.Tselikas : Votre implication à vous ?
A. Mernissi : Moi, je viens d’une « famille Lyautey ». Mon épouse, mes sœurs et moi-même, avons fait le système français, nos enfants aussi. Au lycée Lyautey, on y fait aussi des rencontres pour la vie. Après des études à l’ESTP (Ecole Spéciale des Travaux Publics) de Paris, j’ai fait toute ma carrière au Maroc comme « bâtisseur ». J’ai adhéré à l’association à ses débuts et en suis aujourd’hui le président-adjoint, siégeant au Conseil d’administration au nom de l’AAELL du lycée et administrateur de l’Union-ALFM. C’est une association très vivante, qui se renouvelle souvent. La preuve, je suis un des plus âgé des membres du bureau.
C’est une dette que je dois à ce lycée, qui a fait de moi un homme libre, un citoyen du monde, capable de s’adapter à toutes les situations. En jouant sur deux tableaux, le français et le marocain , je navigue, avec cette même bonne « schizophrénie », d’une culture à l’autre, d’une langue à l’autre. De même pour me vêtir, je passe d’une tenue à la marocaine : djellabas, burnous, babouches … à une tenue à l’européenne : costumes-cravates
E.Tselikas : Votre message à tous les anciens du monde entier ?
A. Mernissi : C’est notre force à nous les anciens des lycées français du monde, cette double, voire triple ou quadruple culture. Ces lycées nous ont nourri avec le même lait. Nous sommes tous frères de lait, que l’on soit de Casablanca, Bogota, Pondicherry, Tunis ou La Haye. En unissant nos forces au sein d’une union, tout en restant présent et actif sur notre territoire, nous pouvons être un levier joyeux et opérationnel de la mondialisation et de la francophonie.