Sous fond de crise et de réduction des budgets aloués à l’AEFE, la FAPEE (Fédération des associations de parents d’élèves des établissements) a publié fin mai un document regroupant une liste de propositions pour l’avenir des lycées français de l’étranger.
Le 20 mars dernier, à l’occasion de la Journée de la francophonie, le président Emmanuel Macron avait annoncé qu’il voulait, d’ici 10 ans, doubler le nombre d’élèves dans le réseau d’enseignement français à l’étranger, réseau qui participe grandement au rayonnement culturel du pays dans le monde entier, avait-il rappelé. Il s’est alors engagé à le « consolider, dynamiser pour garantir sa pérennité » et pour ce faire à maintenir les moyens qui lui sont destinés. Un projet qui passe par une réforme de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger) annoncée par le gouvernement et qui s’avère plus que nécessaire 28 ans après sa création.
Si Emmanuel Macron a déclaré que l’Agence devait être la « colonne vertébrale » du système d’enseignement français à l’étranger, enseignants et parents d’élèves n’en restent pas moins inquiets concernant le modèle économique et pédagogique voulu. Le projet très ambitieux du gouvernement supposant la création de 50 à 60 établissements d’ici 2030, l’ensemble des acteurs impliqués emblent assumer qu’il va être nécessaire de revoir l’organisation, les moyens financiers, l’offre pédagogique mais aussi la stratégie globale de l’AEFE, laissant aussi la porte ouverte à tout type de spéculations. C’est dans ce contexte que la FAPEE (Fédération des associations de parents d’élèves des établissements) a tenu à rappeler que le financement de l’enseignement français à l’étranger est en grande partie privé et qu’il est donc important que les parents s’assoient à la table de la négociation.
« Jusqu’à présent, nous n’avions pu qu’exprimer notre opposition à la tendance longue de hausse des frais de scolarité en compensation de la diminution de l’engagement financier de l’Etat depuis 2012, à la baisse du nombre de titulaires et plus généralement au manque d’ambition qui était assignée au réseau« , communique la fédération, qui représente près de 180 associations de parents d’élèves, gestionnaires et non gestionnaires.
La FAPEE a publié le 21 mai dernier un document qui résume ses propositions pour l’évolution du réseau. Toutes s’inscrivent dans la mission plus globale que se donne l’AEFE de garantir la scolarisation des élèves français à l’étranger, l’accueil des élèves étrangers dans les établissements français mais aussi la collaboration entre les systèmes éducatifs français et étrangers.
Les parents d’élèves financent aujourd’hui 63% du budget de l’AEFE
Les points les plus importants sont ceux du financement et de la gouvernance de l’AEFE. La FAPEE demande un engagement budgétaire de l’Etat français, qui n’a cessé de diminuer jusqu’à maintenant, mais qui devrait pourtant augmenter à mesure de la croissance du réseau, pour permettre à toutes les familles d’accéder à un établissement français à un coût abordable et stable. En effet, les parents d’élèves financent aujourd’hui 63% du budget de l’AEFE, rappelle la FAPEE, et la scolarisation d’un élève représente un investissement sur 14 ans pour les familles : elles sont nombreuses à ne pas pouvoir subir de nouvelles augmentations des frais d’inscription, sous peine de déscolarisations, estime la fédération. Il faut donc que les frais de scolarité soient stabilisés et que les aides à la scolarité augmentent en fonction du nombre d’enfants scolarisés.
Pour augmenter la capacité financière des établissements, notamment dans le cadre du financement des projets immobiliers propres au développement des établissements, la FAPEE propose aussi d’autoriser le recours à l’emprunt de l’AEFE, pour l’instant interdit par le statut d’établissement public administratif, ce qui impacte les budgets et projets actuels. Les parents d’élèves mettent également en garde sur les partenaires privés, évoqués par le gouvernement, mais qui soulèvent différentes problématiques, notamment celle de la pérennité des établissements lorsque la rentabilité devient moins intéressante pour l’investisseur.
Les parents d’élèves sont à ce jour peu représentés au Conseil d’Administration de l’Agence, avec seulement 2 sièges sur 28
La FAPEE prône également un partage plus important de la gouvernance de l’AEFE avec les parents d’élèves. En effet, les parents d’élèves sont à ce jour peu représentés au Conseil d’Administration de l’Agence, avec seulement 2 sièges sur 28, ce qui les cantonne à un rôle de contributeurs financiers sans réel poids de décision sur l’avenir de leurs enfants.
Enfin, les associations de parents d’élèves soulignent l’importance de faire évoluer l’offre pédagogique que proposent les établissements français à l’étranger, car la croissance du réseau ne pourra selon eux pas se faire sans prendre en compte les spécificités locales, mais aussi les attentes des familles. D’où la nécessité d’adapter les programmes en fonction des pays, notamment au niveau des horaires, et de développer de nouvelles filières, par exemple technologiques et professionnelles, mais aussi de former du personnel local.
La coopération éducative avec les établissements étrangers mérite également d’être développée, notamment en Europe, par la création de partenariats, de double-diplômes, et de passerelles entre les systèmes éducatifs français et étrangers, pour nourrir la perspective d’une scolarité non seulement française mais européenne et internationale.
Source: Alexandra Pichard – lepetitjournal.com article du 3 juin 2018