Deux littéraires des lycéens français de l’étranger viennent d’être mis à l’honneur de la plus belle des manières. Ancienne élève du lycée Descartes de Rabat, Leïla Slimani est lauréate du prix Goncourt pour sa Chanson douce. Gaël Faye, ancien élève de l’Ecole française de Bujumbura au Burundi, a remporté le prix Goncourt des lycéens pour son roman Petit pays.
Ces deux anciens élèves du réseau de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) se placent ainsi dans le sillage d’auteurs comme Jean Christophe Rufin ou Marguerite Duras qui font vivre la langue française au delà des frontières de l’Hexagone.
Le plus prestigieux des prix littéraires, créé par le testament de l’auteur naturaliste Edmond Goncourt, récompense cette année Leïla Slimani pour son livre Chanson douce, publié chez Gallimard. Pour ce deuxième roman, elle s’attaque à un sujet aussi difficile que sinistre en s’inspirant d’un fait divers, le double infanticide commis par une nourrice à New York en 2012. En commençant par le dénouement, l’auteure remonte le temps et explore le parcours de ses personnages jusqu’au drame.
Journaliste diplômée de Sciences Po Paris, Leila Slimani n’a pas oublié son ancien lycée de Rabat. Elle y est revenue en 2014 à l’occasion de la sortie de son premier roman Dans le jardin de l’Ogre. L’auteure avait alors échangé autour de l’inspiration et du processus d’écriture avec ses successeurs au sein de la filière littéraire du lycée français.
Gaël Faye est quant à lui un ancien élève de l’Ecole française de Bujumbura au Burundi, il a remporté le prix Goncourt des lycéens pour son livre Petit pays, publié chez Grasset. Le rappeur franco-rwandais est récompensé pour son premier roman par des élèves de 56 lycées, issus de filières généralistes et professionnelles. Sur fond de guerre civile au Burundi, Gaël Faye raconte une enfance meurtrie par la violence. Son histoire personnelle est une véritable épopée littéraire: il a été déraciné de son pays de naissance, le Burundi, à seulement treize ans, alors que le pays est en pleine guerre. C’est à ce moment précis, à 13 ans, dans sa ville de Bujumbura en guerre, qu’il écrit son premier texte, durant les trois jours que le consulat donne à sa famille pour rassembler leurs affaires avant leur rapatriement vers la France. Sans ces événements extraordinaires, Gaël Faye reconnaît lui-même qu’il n’aurait peut-être jamais écrit de toute sa vie. Néanmoins, interrogé sur Radio France International, Gaël explique la nostalgie joyeuse qui a présidé à l’écriture de son oeuvre : « Ce roman, je l’ai écrit beaucoup plus en souriant qu’en pleurant. Parce que j’ai réussi à faire surgir un monde qui a disparu, qui reste dans la mémoire, dans les souvenirs de personnes qui ont vécu cette époque-là. »Gage de la qualité de son travail, le roman de Gaël Faye faisait aussi parti du dernier carré pour le Prix Goncourt et avait déjà remporté le prix du roman Fnac 2016.
Deux prix encourageants pour des futurs lauréats qui fréquentent aujourd’hui sûrement les bancs des lycées français de l’étranger. Encourageant aussi pour les lycées français et leur personnel, vecteurs du rayonnement de la langue française, bien au delà de leurs enceintes.