En France, les lycéens sont appelés à porter une jupe le 19 mai, afin de sensibiliser au sexisme et aux inégalités hommes-femmes tandis qu’en Angleterre, des élèves réclament le droit à des uniformes neutres.
C’est aux garçons de porter la jupe pour vivre quelques heures dans la peau de leurs camarades féminines. Ce vendredi aura lieu pour la première fois partout en France une Journée de la jupe, à l’appel des syndicats lycéens SGL, UNL, UNL-SD et FIDL. Le but de cette opération ? Sensibiliser au sexisme et aux inégalités hommes-femmes. Ce sont aussi les inégalités salariales qui sont visées, tout comme l’accès aux postes de direction, le partage des tâches domestiques ou encore le harcèlement de rue, indique la déléguée à la communication au Syndicat général des lycéens (SGL), Coline Mayaudon. Celle-ci s’est exprimée auprès de l’AFP : «Il y a des filles qui ont peur de porter des jupes dans certains lycées, des lycées qui interdisent le port de la jupe, la pression des parents», résume-t-elle. En mars,à Valence, les lycéennes de la cité scolaire Emile-Loubet dénonçaient des contrôles stricts portant sur la longueur de leurs jupes.
Avant le film de 2009 mettant en scène Isabelle Adjani, l’idée d’une Journée de la jupe est née en 2006 dans un lycée technologique d’Etrelles près de Rennes, suite aux nombreuses remarques désobligeantes subies par les élèves. Elle a été ensuite proposée par des associations comme Ni putes ni soumises à l’occasion de la journée contre les violences faites aux femmes en 2010. Selon l’association, «mettre une jupe c’est un acte militant, dans le quotidien, sur le lieu de travail, dans la rue, chez soi, car aujourd’hui tous ces espaces sont des espaces de danger pour les femmes». En 2014, une journée de réflexion houleuse, baptisée «Ce que soulève la jupe» avait également été organisée à Nantes en pleine contestation du mariage pour tous.
Binarité ou fluidité
Au même moment, en Angleterre, ce sont les garçons qui réclament de pouvoir porter la jupe et ce, toute l’année s’ils le souhaitent. Ces jours-ci, le collège et lycée privé londonien de Hightgate propose à l’initiative d’une association d’élèves de mettre en place des uniformes neutres : jupes ou pantalons pour tous. L’école consulte également les parents sur plusieurs questions comme la mise en place de toilettes unisexes ou l’utilisation du terme neutre «élève» plutôt que «garçon» ou «fille». Adam Pettitt, le directeur de l’établissement scolaire, notant que de plus en plus d’élèves s’interrogent sur leur identité de genre, s’est expliqué au Sunday Times : «Cette génération se demande si nous ne sommes pas binaires dans la manière dont nous voyons les choses.»
L’association caritative et LGBT Educate & Celebrate accompagne ainsi les établissements qui souhaitent adopter une plus grande fluidité : elle estime qu’en Angleterre pas moins de 120 écoles se sont déjà inscrites à son programme qui propose un code vestimentaire assoupli et inclusif. «Nous avons pu constater que les écoles primaires adoptent le programme plus vite que le secondaire», précise sa fondatrice, Dr Elly Barnes. Une enseignante de l’école Allens Croft à Birmingham, qui a mis en place une politique neutre depuis 2013, explique au Guardian : «Il faut juste que les enfants puissent exprimer leur personnalité et mettre des habits dans lesquels ils se sentent à l’aise.»
En 2016, 2 700 adolescents étaient suivis par un médecin ou un thérapeute pour des troubles relatifs à l’identité de genre, selon des chiffres du Guardiane. Au Royaume-Uni, l’Equality Act ratifié en 2010 simplifie la législation en matière de discrimination: depuis, un fonds de 5,15 millions d’euros est mis à disposition par le gouvernement contre le harcèlement homophobe, transphobe et biphobe dans les écoles. A l’étranger, dans d’autres pays où l’uniforme scolaire et encore la norme, les codes s’assouplissent, comme récemment dans un établissement de Nouvelle-Zélande où chacun peut désormais porter à sa guise la jupe ou le short… et même le kilt.
Source: liberation.fr rubrique culture article du 16 Mai 2017