Arrivés en fin de collège, les élèves marocains des lycées français peuvent s’orienter directement vers une filière professionnelle, débouchant sur un bac professionnel. Elles offrent des voies alternatives pour des élèves en difficulté scolaire et existent depuis 22 ans au Maroc.
Seulement, dans un communiqué datant de juillet 2016, la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) a annoncé la fermeture de ces filières au Maroc à partir de la rentrée 2017. Une décision qui a suscité la colère des enseignants, qui comptent se mobiliser toute la semaine pour exprimer leur désaccord.
Des diplômes non homologués… depuis 22 ans
Officiellement, cela fait suite à la découverte par la DGESCO de la non-homologation des diplômes délivrés pour ces filières. Une source auprès de l’ambassade de France nous confirme que les « recrutements sont gelés pour la rentrée prochaine« , mais qu' »aucune décision définitive n’a été prise pour l’instant sur l’avenir de ces filières ». Il concède néanmoins qu’il puisse y avoir des « inquiétudes, pour les élèves de 3e dont le profil scolaire ne correspond pas aux filières générales« . Il assure qu’une réflexion est actuellement menée sur les débouchés et autres alternatives qui peuvent être proposés à ces élèves. Une source au sein du personnel enseignant nous apprend qu’une rencontre a été tenue le 31 janvier au sein de la DGESCO, tandis que le comité technique de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) doit se tenir le 2 février pour trouver des solutions.
Un argumentaire qui passe mal auprès de Salwa Chraïbi, secrétaire général de CAPE, une association de parents d’élèves: « on a du mal à y croire. La filière existe depuis 22 ans, les bacheliers n’ont jamais eu aucun problème avec leurs diplômes ». Pour elle, cette décision est motivée par la volonté « d’améliorer l’image de marque du lycée en le recentrant sur les filières généralistes et élitistes », car la filière professionnelle a mauvaise réputation. Elle est perçue comme celle rassemblant les élèves turbulents et offrant peu de débouchés.
Les professeurs mobilisés pour défendre la filière
Un autre membre du corps enseignant du lycée Descartes nous confie que la fermeture des filières professionnelles ne leur a pas encore été confirmée par écrit. « La conviction de chacun au sein du corps professoral, c’est qu’il s’agit d’un prétexte. Ce sont des filières plus coûteuses, et on se cache derrière un discours administratif pour les fermer« , souligne notre source.
Pour notre interlocuteur, les élèves seront les principaux perdants de cette réforme:a reste une voie proposée à la marge pour des élèves en difficulté scolaire. D’autant que le public de l’AEFE se diversifie et amène des problématiques nouvelles: « ça reste une voie proposée à la marge pour des étudiants en difficulté scolaire ». Si la voie professionnelle a longtemps étrenné une image négative, c’est une perception qui tend à changer.
Quels débouchés pour les élèves ?
Notre professeur évoque notamment « l’augmentation des retours de familles de MRE qui amènent avec elles des élèves au profil nouveau: boursiers, avec des situations familiales parfois difficiles et des profils socio-économiques qui ne correspondent pas forcément à l’idée qu’on a des étudiants des lycées français« .
Actuellement, la filière comprend 200 élèves au niveau national, dont 70 bacheliers par an, selon les professeurs. Un nombre réduit d’élèves, mais qui se retrouveraient dans une impasse en cas de suppression de la filière. La seule alternative pour ces jeunes, selon Mme Chraïbi, est le redoublement « qui est à la discrétion des parents en 3e, mais c’est une option peu efficace. Si on leur enlève la filière professionnelle, ça ne sert à rien de les garder dans ce système, qu’est ce qu’on peut faire de ces enfants dans ce cas? »
Les professeurs assurent qu’ils continueront leur mobilisation toute la semaine, à travers une grève japonaise (port de brassards) et des actions ponctuelles aux récréations.