Plusieurs centaines d’élèves des lycées français du monde ont, chaque année, l’opportunité de réaliser un trimestre d’échange dans un autre établissement du réseau. Le tout sans rompre la continuité de leur parcours pédagogique. Lumière sur ADN, l’un des programmes en vogue de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger).
« On se demande presque pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt », lance, en souriant, Christophe Bouchard, directeur de l’AEFE, à propos du programme ADN.
ADN comme Alexandra David-Néel, l’écrivaine et exploratrice franco-belge, première femme européenne à séjourner au Tibet. ADN comme la substantifique moelle du réseau des lycées français à l’étranger : l’échange entre les cultures et les langues.
Le dispositif de mobilité scolaire mis en place il y a deux ans par l’AEFE permet aux élèves d’effectuer une partie de leur année de seconde dans un autre établissement du réseau. L’occasion pour eux d’enrichir leur parcours par l’immersion dans un nouvel environnement scolaire et linguistique, ainsi que par la découverte d’un autre pays et d’une autre culture. « C’est un excellent moyen pour les lycéens de découvrir l’intégration par eux-mêmes » souligne Patrick Duros, proviseur du lycée international de l’Est parisien, qui compte parmi les 8 lycées de l’Hexagone à prendre part au dispositif.
Erasmus Mundus à la sauce lycéenne
En cette fin d’après midi automnale, l’amphithéâtre de l’établissement de Noisy-le-Grand déborde d’élèves avides de détails. « C’est une très grande chance pour nous pouvoir découvrir d’autres parties du monde », s’enthousiasme Alistair. « Partager la culture française à l’étranger, vivre une expérience sociale différente, c’est super » renchérit Antoine. Tous deux sont candidats au départ.
De Madrid à Conakry, de Tokyo à Montréal, les binômes ayant expérimenté le programme ADN reviennent ravis de leur séjour d’études. « L’idée est que les deux élèves passent un trimestre dans un établissement puis voyagent, ensemble, dans le second », précise Christophe Bouchard. Mais à l’AEFE on entend bien rester flexible, tant sur la durée du séjour que sur les modalités de l’échange.
L’absence de frais de scolarité, associé à l’hébergement dans les familles respectives du binôme, visent à limiter les coûts de l’échange scolaire au seul billet d’avion. « Comment font les familles qui ont des restrictions budgétaires ? » interpelle un lycéen. « Les lycées peuvent mettre en place des bourses ou les élèves trouver des sponsors. Il faut que l’on travaille plus à ce niveau. Un échange en Australie par exemple, ne devrait pas être réservé aux seules familles qui peuvent se le payer », répond le directeur de l’AEFE.
15 établissements pilotes l’an dernier, déjà plus de 100 au compteur aujourd’hui : en ambitionnant d’offrir un « Erasmus » des lycées, comme passage obligé de toute scolarité dans le réseau, l’AEFE compte bien ne pas s’arrêter en si bon chemin.
« Préparer nos élèves à être citoyens du monde »
Afin de sélectionner les participants au programme parmi les candidats au départ, chaque établissement rassemble un comité, composé de professeurs et auxiliaires de vie scolaire. La motivation compte plus que les notes, rassure-t-on dans les rangs du réseau.
« Quand vous formulerez vos vœux, n’hésitez pas à aller vers des régions du monde auxquelles vous n’auriez pas pensé spontanément, par manque d’affinité linguistique ou culturelle, mais qui vont radicalement changer votre vision du monde » recommande Mickael Montoya, proviseur adjoint du lycée français de Madrid. « Vous avez tout autant à apporter aux familles qu’elles ont à vous apporter. Je pense notamment aux familles locales qui n’ont peut être pas encore eu l’occasion d’aller en Europe », complète-t-il, citant l’exemple réussi d’un échange entre la capitale espagnole et Conakry.
« Cela prépare nos élèves à être de futurs citoyens du monde », affirme Patrick Duros. Quant à Daniel Auverlot, recteur de l’Académie de Créteil, « dont l’image a beaucoup souffert récemment d’évènements médiatisés » (braquage et agression de professeurs dans deux lycées de Créteil, ndlr), il entend, par le biais du dispositif, redorer le blason académique de sa région. « Nous avons des pôles d’attractivité et d’excellence qui méritent d’être connus et bénéficieraient grandement de ces échanges », affirme-t-il. Il va même plus loin en faisant d’ADN un rempart au développement des mouvements xénophobes. « Je souhaite que nos élèves soient baignés de multiculturalisme et de plurilinguisme pour mettre en échec le nationalisme », conclut-il.
Source: lepetitjournal.com article du 22 novembre 2018 par Justine Hugues