Si pendant longtemps, la France a été une évidence pour de nombreux étudiants africains souhaitant poursuivre leurs études supérieurs à l’étranger, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Même si l’Europe et la France en particulier demeure la destination privilégiée pour près de la moitié des étudiants africains, elle perd du terrain au profit du Moyen-Orient, de l’Asie, y compris d’une mobilité intracontinentale (Afrique du Sud, Ghana, Tunisie ou Maroc). La rude concurrence à laquelle se livrent les différents pays pour attirer cette population, qui représente un investissement rentable tant au niveau commercial que politique, est l’une des principales raisons de ce nouveau phénomène.
Selon les estimations du rapport 2016 de l’Unesco pour l’année 2013, avec 373 000 étudiants en mobilité internationale, l’Afrique représente plus d’un étudiant mobile sur dix dans le monde, et un taux de mobilité deux fois plus élevé que la moyenne mondiale.
Ces étudiants sont originaires pour l’essentiel de sept pays du continent (Nigeria, Maroc, Algérie, Cameroun, Zimbabwe, Tunisie et Kenya) qui concentrent à eux seuls la moitié des Africains partant à l’étranger pour y étudier. Et parmi eux, environ 21% viennent du Maghreb, selon une récente étude (novembre 2016) de Campus France, agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, consacrée à la mobilité des étudiants africains.
Les destinations les plus sollicitées
En 2013, la France, le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud étaient les trois pays de prédilection de ces étudiants africains (45% contre 54% l’année précédente). Ainsi, en France, ils représentent à eux seuls 43% des étudiants accueillis en mobilité d’études dont la moitié originaires du Maghreb. La France reste donc largement la destination préférée de ces étudiants. Cependant, même si elle en accueille chaque année un peu plus, il est à noter qu’une proportion croissante se tourne vers d’autres destinations.
Le Moyen-Orient tente ainsi d’attirer depuis peu ces jeunes en renforçant entre autres, son attractivité avec la mise en place d’une offre spécifique de bourses d’études vers les universités islamiques. Et l’initiative semble porter ses fruits puisqu’un pays comme l’Arabie Saoudite par exemple, a vu le nombre d’étudiants africains accueillis dans ces établissements tripler en trois ans.
Du côté asiatique, les autorités ne lésinent pas non plus sur les moyens pour attirer cette population, à l’image du géant chinois. « Le pays ne publie pas de chiffres officiels, mais affiche ses ambitions en la matière. Les Instituts Confucius – ayant pour mission l’enseignement du mandarin et la diffusion de la culture chinoise – fleurissent en Afrique et sont les têtes de pont de cette politique », indique Didier Rayon, responsable des études et recherches de Campus France au Monde Afrique.
De même, la Malaisie est également devenue un eldorado pour les étudiants d’Afrique subsaharienne en études supérieures. Elle est devenue en 2012 selon l’Unesco, le second pays d’accueil pour ces derniers, avec 9 500 étudiants. Un phénomène de plus en plus fréquent, qui place ce pays d’Asie du Sud-est sur le podium des destinations universitaires préférées des Africains.
Jane Knight, de l’université de Toronto et auteure d’un livre sur les migrations étudiantes publié en 2014, explique au quotidien français que les raisons de cet attrait sont : « le prix des études, la qualité des programmes d’études, la langue anglaise et la religion musulmane du pays ».
Enfin, beaucoup d’étudiants africains décident également de rester sur le continent pour poursuivre leurs études. Ainsi, nombreux sont ceux qui font le choix de l’Afrique du Sud (48%), du Ghana (14%), de la Tunisie (7%) et du Maroc (10%).